Gertrude Saddle, ou la rando coup de coeur

La journée devait être ensoleillée, nous nous sommes pris par la main, avons démarré très tôt le matin pour faire une randonnée des plus spectaculaires. Gertrude Saddle, couloir d'avalanches (pas rassurant quand cela fait déjà une semaine qu'il neige !), a commencé dans la purée de pois ... A se demander si, comme pour Key Summit, on allait se prendre froid et tout sur la trombine.

La grimpette a donc commencé avec une visibilité qui allait en diminuant. Et, d'un coup, nous nous sommes retrouvés au-dessus de la chape de brouillard. Avec un soleil éclatant. Un froid glacial et un vent mordant, certes, mais avec du soleil !

Et là, nous avons vu la grimpette qui nous attendait ... Du raide. Du très raide. A ceux qui ont le vertige, le pied peu sûr, notamment en descente, nous avons vu, sur notre retour, des gens repartir vers les voitures ... Il ne faut pas s'engager dans les hauteurs de cette rando sans un certain courage. Mais les vues qui s'offrent à nous au fur et à mesure de la montée valent toute la transpiration de l'effort et de la peur !

Apres avoir sué dans une première montée, il faut encore plus suer et s'accrocher à des câbles pour ce que l'on pense être la fin de la rando. Que nenni ! On arrive à un superbe lac bleu profond, lac glaciaire d'une vallée suspendue, et là, on s'aperçoit qu'il y a plus de câbles ....

Le coeur battant, on réalise vite que la roche n'est pas glissante, est même plutôt bien adhérente, et que ça va po etre si difficile que ça passé un temps d'adaptation à l'angle que forme notre corps avec le rocher !

En chemin, nous croisons la route de deux "Rock Wren", en français Xenique des rochers et en latin Xenicus gilviventris. Un petit piaf vraiment sympa mais rare, et qu'apparemment on n'aperçoit pas si souvent. Le DOC mène même une enquête auprès de toute personne en ayant aperçu (nombre, date, heure, lieu). Au top donc d'en avoir vu deux à l'aller et au retour ! (Les mêmes sûrement, d'ailleurs).

La vue du sommet était époustouflante. Vraiment. Et nous étions seuls. Complètement. Vue sur le Milford Sound de très loin, parois abruptes, neige, et, si ce n'était pour les hélicoptères et avions toutes les 10 minutes, un silence parfait.

Côté pile comme côté face, le paysage était à tomber. Il nous a fallu redescendre au bout d'un moment, d'un pour ne pas geler sur place, de deux pour éviter les gens que l'on commençait à voir grimper. Grand bien nous a pris : sur le chemin du retour, ce sont de véritables troupeaux que nous avons croisés, au bas mot, en tout, quelques 80 personnes, à la queueleuleu ...

Juste avant la voiture, la rivière est devenue plus profonde, et la couleur de l'eau nous a paru des plus belles et des plus engageantes. 4 jours sans douche après beaucoup d'efforts, il était temps de faire trempette ... Mes pieds ont tenu 2 minutes... Rouges, gonflés, ankylosés, ben ils ont été le test ... se laver le cucul, ça n'a pas été pour cette fois !! La tête, oui, vite en passant. 

Le lendemain, de retour à Te Anau, et après une douche de 8 minutes à $5, nous nous sommes posés et avons réfléchi à ce trip à Milford Sound : c'est beau, très beau. Mais il y a beaucoup trop de mais pour rendre l'excursion indispensable. Trop de monde, trop vendu, trop surchauffé, trop peu de respect de la part des autres voyageurs, trop de bus, trop... trop.